Pierre Perrin, Des jours de pleine terre, [en ligne, 2018]

Pierre Perrin-Chassagne
Des jours de pleine terre

[Première partie, suite, poèmes]

Premier de corvée

Aux premiers de corvée, les meilleurs, qui ne pensent qu’à bondir, de la luzerne vers la mer, tellement la caresse n’a pas de nom, les proverbes tiennent lieu d’apprentissages. La détente lourde, chacun titube à l’abreuvoir. On entend déjà la raison égarée, l’époque abrutie. Les insolents accrochent des boîtes de hannetons aux queues des chats. Ils pissent debout par la bonde des barriques.
Quand on s’élance, dans l’aube et la rosée, l’ombre est de trop. Quand les poires et puis les noix gaulent l’étrange cortège des absents, la Toussaint venue, les prières tues, nul ne distinguant personne sous les dalles de marbre, on s’efface derrière une ardoise neuve. On suppute, à la façon de se taire, la violée et les benêts saisis au pantalon. On recule derrière ses nerfs, dans une danse qu’on imagine unique ; elle l’est le temps de reprendre pied, le rêve en morceaux.
Quelle plainte effacerait ce sifflement noir des jours noirs, cette cendre dans la bouche, cette crucifixion du lit défait, quand la pluie enivre debout et que la solitude siffle encore et tire par la manche ?

Pierre Perrin, Des jours de pleine terre, [en ligne, 2018]

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